Revue d’études littéraires, linguistiques et sociolinguistiques
Responsable du premier numéro
Adil Fathi, FP de Safi
Pour la prochaine livraison de Mots & Mondes, Revue électronique d’études littéraires, linguistique et sociolinguistiques, éditée par la structure de recherche Langage, Cognition, Culture et Communication (LCCC) de l’Université Cadi Ayyad Faculté Polydisciplinaire de Safi, la thématique Art et folie, littérature et folie.
Il est à noter que la revue offre la possibilité de publier des articles hors thématique dans sa rubrique VARIA, avec un quota de 10 articles par numéro.
Ce numéro a pour objectif la lecture de la folie dans les arts et la littérature. Que la folie puisse se lire ou se représenter, c’est exactement ce qu’un Balzac, un Nodier, un Nerval, un Van Gogh, un Mirbeau, un Baudelaire… confirment, que ce soit dans leurs travaux artistiques ou dans leurs réflexions critiques. En effet, l’histoire de la folie telle qu’elle est vue par les arts et la littérature est riche et complexe représentant les changements de perceptions culturelles, sociales et médicales à travers les siècles. Face à l’avancée de la folie et ses formes sur le terrain des arts, du langage et de la littérature, quel parti ces institutions ont-elles pris ?
De l’Antiquité au Moyen Âge, la folie était considérée comme un châtiment divin et une possession démoniaque. Pendant la Renaissance, une période où les humanistes donnaient plus d’importance à la nature humaine et les états mentaux, la folie requiert un intérêt croissant. Shakespeare avec des personnages comme Hamlet, Erasme dans L’Eloge de la folie entre autres, recourent à cet état de démence pour critiquer la société et ses institutions. Les penseurs de l’Âge Classique et les Lumières privilégient la raison ; et la folie est souvent vue comme l’antithèse de la rationalité. Les fous sont souvent enfermés dans des asiles, comme le montre Michel Foucault dans Histoire de la folie à l’Âge classique. Dès le XIXe siècle jusqu’à nos jours, la folie est devenue une source de créativité, d’inspiration mais aussi un outil pour dénoncer l’oppression.
Plusieurs écrivains et artistes ont été connus par leur folie : « les poètes les artistes, les savants, les philosophes, les publicistes ne sont pas rares dans les asiles des aliénés ; et bien que là, plus encore qu’ailleurs, ils se complaisent dans l’admiration de leurs œuvres, il faudrait le plus souvent une grande dose d’indulgence pour pouvoir, en examinant ces œuvres, un sentiment autre que la pitié. »
Baudelaire, grand admirateur des fous, s’est demandé : « Pourquoi n’aurais-je pas l’honneur, comme Socrate, d’obtenir mon brevet de folie, signé du subtil Lélut et du bien avisé Baillarger ?»
Vincent Van Gogh, le célèbre peintre post-moderniste néerlandais est souvent associé à la folie en raison de sa vie tourmentée et de ses crises de santé mentale. Il a été interné dans un hôpital psychiatrique pendant un an avant sa mort par suicide. Edvard Munch, le peintre norvégien est surtout connu pour son tableau Le Cri, qui est une représentation emblématique de l’angoisse et de la détresse mentale. François Goya, ce peintre espagnol est célèbre pour ses œuvres sombres et troublantes, notamment Saturne dévorant un de ses fils, qui reflètent souvent une vision cauchemardesque et tourmentée de la réalité.
Fyodor Dostoïevski, le romancier russe a souffert d'épilepsie, de dépression et de troubles mentaux. Cet écrivain aborde les thèmes de la folie et la démence dans plusieurs de ses œuvres notamment Crime et châtiment et Les frères Karamazov. Edgar Alin Poe, ce célèbre écrivain américain est connu pour ses histoires macabres et ses poèmes sombres qui plongent dans les profondeurs de la psyché humaine, il est connu également par sa dépression, son anxiété et son alcoolisme. Il est mort à l'âge de 40 ans dans des circonstances mystérieuses. Franz Kafka a également souffert de psychose névrose. Sylvia Plath, Virginia Woolf, Emily Brontë sont des romancières connues par la dépression et les troubles bipolaires.
Des sculpteurs, des chanteurs, des acteurs ont connu le même sort. Nous évoquons dans ce même cadre des personnages qui sont devenus des symboles de la folie. Hamlet, Don Quichotte, Roderick Usher sont des noms qui déclenchent directement l’image du fou.
Luis Mercier, dans son Tableau de Paris, confirme que si l’anatomie n’offre aucun changement notable dans le cerveau des insensés, le langage est sensé montrer les signes de la tête égarée. L’apparition du fantastique par exemple, n’est qu’une manifestation de la folie dans l’écriture : « Pour intéresser dans le conte fantastique, il faut d’abord se faire croire ; et une condition indispensable pour se faire croire, c’est de croire… J’en avais conclu que la bonne et véritable histoire fantastique d’une époque sans croyances ne pouvait être placée convenablement que dans la bouche d’un fou. »
Guislaine l’avait confirmé également : la folie « se révèle dans le langage et le choix des mots, dans le ton de la phrase, dans l’éclat de la voix ». Aurélia de Gérard de Nerval, à titre illustratif, témoigne de l’inscription de la folie de l’écrivain dans son œuvre littéraire.
Les propositions de contribution attendues porteront sur les axes suivants (non limitatifs):
• La folie et ses manifestations dans la littérature et les arts.
• L’écriture de la folie ou la folie de l’écriture.
• Les personnages fous à travers l’histoire.
• Les procédés stylistiques de l’écriture de la folie.
• L’artiste fou, texte et contexte.
• La folie une machine de guerre contre l’oppression et l’injustice.
• L’image du fou dans la littérature et les arts.
• La folie à travers l’histoire.
- Antheaume, André, et Dromard, Gabriel, Poésie et folie. Essai de psychologie et de critique. Paris, Octave Doin, 1908.
- Baridon Lorent et Guédron Martial, Corps et arts, Physionomie et physiologie dans les arts visuels, Paris, l’Harmattan, « Histoires des sciences humaines », 1999.
- Berger Klaus, Géricault et son œuvre, Paris, Flammarion, « Images et Idées », 1952.
- Breton André, « L’art des fous, la clé des champs », in La clé des champs, 1953, Paris, Le Livre de Poche, 1979, 274-278.
- Dubbuffet Jean, L’homme commun à l’ouvrage, Paris, Gallimard, 1973
Gros Frédéric, Création et folie. Une histoire du jugement psychiatrique, Paris, P.U.F, 1997.
- Réja Marcel, « L’art chez les fous. Le dessin, la prose, la poésie », Mercure France, Paris, 1907.
- Sorel Philippe, « La phrénologie de l’art, In L’âme au corps. Arts et sciences », Paris, P.U.F., 1978.
- Voivenel Paul, Littérature et folie. Etude anatomo-pathologique du génie littéraire, Paris, Félix Alcan, 1908
AFELLAH Tariq (FLA de Marrakech, Université Cadi Ayyad)
AMRAOUI Abdelaziz (FLSH Marrakech, Université Cadi Ayyad)
BARAKATE HASNA (Université Chouaib Doukkali, ESEF d’El-Jadida)
BELBAIDA Karima (Université Kadi Ayyad, Semlalia Marrakech)
BOUHLOU Houda (Université Chouaib Doukkali, FSJES d’El-Jadida)
CONSTANTINOVICI Ana-Maria (Université Alexandru Loan Cuza, Lassy, Roumanie)
DAGHOUJ Hamid (Institut d’Etudes de Recherche pour l’Arabisation, Univ Mohammed V de Rabat)
EL ALAMI Amine (ENSA de Berrechid, Université Hassane 1er )
ELFAKOUSSI Mohammed (FLSH Sais-Fès)
ELJARI Khadija (Université Chouaib Doukkali, FSJES d’El-Jadida)
ELQADIRI Abderrahman (Université Hassan II Casablanca, FLSH Mohammadia)
FATHI Adil (Université Cadi Ayyad, FP de SAFI)
HOUDZI Ahmed Aziz (Université Cadi Ayyad, FLSH Marrakech)
KARRA Abdelkader (Université Moulay Ismail- Meknès FLSH de Meknès)
KARRA Anouar (Université Sidi Mohammed Ben Abdellah Fès, ENS de Fès)
KHATARI Salima (Université Mohammed V FLSH Rabat)
LACHHAB Touria (Université Cadi Ayyad, FP de SAFI)
LAFRIFRA Nacer (Université Kadi Ayyad, FP de SAFI)
LAHLOU Mohammed (Université Cadi Ayyad, FLSH Marrakech)
LEMGHARI Mustapha (Université Kadi Ayyad, FP de SAFI)
LOUIZ Driss (Faculté des Langues et des Arts, Université Ibn Toufail)
MABROUK Hasna (Université Chouaib Doukkali,FLSH d’El-Jadida)
MABROUR ABDELOUAHED (Université Chouaib Doukkali, FLSH d’El-Jadida)
MICHEL Pierre (Université Angers, France)
MOULAY SOUSOU Youssef (Université Cadi Ayyad, FLSH Marrakech)
NAIM Rachid (Université Cadi Ayyad, FP de SAFI)
OUSSIKOUM Mounir (Université Sultan Moulay Ismail, FLSH Béni Mellal)
OUYACHCHI Anouar (Université Moulay Ismail- Meknès FLSH de Meknès)
RAHALI Ali (Université Cadi Ayyad, FP de SAFI)
SAISSI Mohammed (Université Cadi Ayyad, FLSH Marrakech)
TADILI Khalid (Université Cadi Ayyad, FSJE Kalaa Esraghna)
TAHIRI Abdeladim (Université Kadi Ayyad, FP de SAFI)
TAKROUR Hassan (Université Cadi Ayyad, FP de SAFI)
YAZIDI ALAOUI Brahim (Université Sultan Moulay Ismail, FP Béni Mellal).
Les propositions de contribution sont à envoyer à : revuemotsetmondes@gmail.com
Responsable du premier numéro : Adil FATHI : fathiadil56@gmail.com ou a.fathi@uca.ma